Visite de l’Abbatiale
Horaires de visite
L’abbatiale se visite toute l’ année à partir de 9h30.
L’entrée est libre et gratuite.
Saint-Pierre de Vertheuil vous donne les clés… de la visite !
* Vous pouvez consulter le « glossaire » des termes techniques en cliquant ici
UNE PIERRE QUI A ROULÉ SA BOSSE
Pénétrez à l’intérieur. Sur la gauche, vous découvrez les fonts baptismaux*. Ils sont cannelés * et monolithes*.
Ils auraient été sculptés au XVe siècle dans une pierre qui aurait servi de lest* à un navire commercial anglais venu, à vide, chercher du vin dans la région.
SAINT PIERRE EN MAJESTÉ
Le Saint patron de l’abbatiale, également patron de l’Eglise chrétienne, Saint-Pierre, tenant en mains les clés du Paradis, est représenté dans le vitrail* du côté ouest de l’édifice, à votre gauche, les églises étant orientées vers l’Est, vers Jérusalem où se trouve le tombeau du Christ.
DES PÈLERINS EN MASSE
Retournez-vous vers la nef*. Elle présente une nef centrale et deux bas-côtés se prolongeant en déambulatoire*.
Une foule de pèlerins, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle devait s’y presser et circulait dans le déambulatoire, faisant leurs oraisons* dans le chapelles situées dans les absidioles* derrière le chœur*.
La chapelle centrale, rectangulaire, est unique.
Il n’en existe qu’un seul autre exemple, justement à Saint-Jacques de Compostelle.
Quant au déambulatoire, il n’en existe qu’un seul autre exemple en Gironde, à Guitres.
DES MOINES AMATEURS DE VIN
Des stalles* de bois sont placées de part et d’autre du chœur.
Découvrez, sculpté sur un des accoudoirs, un moine au tonnelet, témoin de la présence des bénédictins*, reconnaissables à leur coule*.
Sculptée également la représentation du lai* d’Aristote.
Celui-ci s’appliquant à détourner Alexandre le Conquérant des charmes d’une belle indienne indique, par sa posture à quatre pattes qu’il est devenu l’esclave de la femme qui est sur son dos, comme le sera Alexandre s’il succombe à l’amour…
LE VICE PERSONNIFIÉ
Levez les yeux pour admirer la voûte du chœur, partagée en 7 pans par des nervures qui s’appuient sur des culots* sculptés.
Vous y découvrez, levant ses jupes, une femme qui serait la représentation d’une déesse-mère celte*, symbole de fécondité*.
Autour d’elle des scènes où des hommes s’accouplent avec des bêtes tandis que d’autres s’adonnent à la paresse, des péchés capitaux pour les chrétiens.
UN BESTIAIRE FABULEUX
Les chapiteaux* situés au sommet des piliers présentent un riche décor sculpté.
Formes géométriques, végétales, mais également hommes et animaux, têtes dévorantes ou crachantes, suppliciés, chasseurs tenant leur faucon, acrobates, oiseaux de proie attaqués par des lions.
Autant de symboles du combat du bien contre le mal.
Retrouvez-les….
MOBILIER ET PRATIQUES OBSOLÈTES
Le lutrin
Cet objet en bois sculpté qui date du XVe siècle servait à poser le livre de chant lors des offices.
La chaire
Pour prêcher*, le prêtre montait jadis dans cette petite tour de bois pour surplomber les fidèles et donner plus de force à ses critiques ou ses conseils pour mener une vie sans péché.
Le confessionnal
Tout chrétien, pour être en paix avec sa conscience et pardonné, devait régulièrement avouer ses péchés au prêtre installé dans la petite guérite fermée alors que lui s’agenouillait à côté pour les dire à voix basse.
L’OBJET-MYSTÈRE
Dans le mur nord du choeur, au-dessus des stalles, vous apercevez une belle construction sculptée au XVe siècle qui s’élève vers la voûte.
Est-ce une chaire à laquelle on aurait accédé par un escalier situé dans le pilier ?
Est-ce le support sur lequel reposait l’orgue ?
Qu’en pensez-vous ?
UNE ABBATIALE, C’EST QUOI ?
C’est l’église d’une abbaye. Si vous vous transportez face à la cour d’honneur de l’actuelle abbaye, vous constatez que l’église est accolée aux bâtiments, formant l’aile en retour, symétrique de l’aile nord qui a été démolie. Sa construction remonte au XIe siècle. C’est une église romane*. Elle a été remaniée au XVe siècle.
Quant à l’abbaye d’origine, elle fut construite vers le IXe ou Xe siècle, sur l’emplacement d’une villa gallo-romaine*, peut-être par les moines de l’abbaye de L’Isle (commune d’Ordonnac) après la destruction de celle-ci par les Normands*. Elle fut occupée à partir du XIIe siècle et jusqu’à la Révolution par les chanoines réguliers de Saint-Augustin*.
Comme vous le découvrirez au cours de la visite, les deux édifices communiquent.
UNE NÉCROPOLE SOUS VOS PIEDS
Vous vous trouvez sur la place de l’église, sur l’emplacement de l’ancien cimetière du moyen-âge.
Retrouvez les dalles de pierre, qui, tout autour de la place, matérialisent le tracé de son mur.
Une croix, mise en valeur par un socle de pierre, relate qu’ici, dans les années 1570 lorsque les guerres de religion* faisaient rage, fut exécuté, sur ordre du roi Charles IX, un magistrat protestant du village, le Juge Esqui…
QUERELLE DE CLOCHERS
La présence de deux clochers, édifiés sur les côtés sud et nord de l’église, est unique en Guyenne*.
Le plus ancien (XIIe siècle), au nord, est le plus ouvragé. Il est à deux étages, le premier de plan carré, le second de plan octogonal*, tous deux percés de fenêtres romanes* et surmontés d’une corniche*.
Le plus récent (XVe siècle), au sud, est une tour carrée, construite pour la défense, lors des guerres de religion.
Retrouvez les meurtrières*. On y accède par l’intérieur mais également par l’extérieur, grâce à la tourelle qui y est accolée.
UN BLASON À REDORER
Au-dessus de la porte de la tourelle d’accès au clocher carré, on distingue une sculpture en mauvais état.C’est un blason* qui a probablement appartenu à un abbé au XVe siècle.
Découvrons, de haut en bas :
- Une mitre * et une crosse* (signes distinctifs d’un abbé).
- Trois coquilles (en référence aux pélerins sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle*).
- Un lion rampant signale l’appartenance de la Guyenne au royaume d’Angleterre.
Ce blason est désormais celui de la commune.
LECTURE AU CHEVET
Continuez sur vos pas en direction du café. Un passage entre le chevet* de l’église et le mur de la batisse permet d’en faire le tour.
De facture romane, restauré avec soin, il présente la particularité d’avoir été surélevé au niveau des trois absidioles*, afin de ménager des pièces fortes sur les voûtes percées de meurtrières.
Les guerres de religion, toujours…
DU RÉALISME MÉDIÉVAL AU MANIÉRISME DU XVIIIème
Observez maintenant le porche d’entrée roman.
Vous constatez qu’il a été mutilé au XVIIIe siècle par l’ajout d’un encadrement de porte présentant une tête d’angelot…
C’est que, jusqu’alors, l’église était la propriété des religieux qui y pénétraient à partir de l’abbaye. Lorsqu’en 1753, elle devint église paroissiale on sacrifia au style néo-classique…
Observez les trois voussures* :
- La première présente une rangée de vieillards se tenant la barbe. Vieillards de l’Apocalypse ?
- Sur la deuxième de petits personnages semblables à des pêcheurs, tirent des filets (?).
- Sur la troisième, au centre, une personne sonne de la trompe (pour appeler les élus ?) tandis que de part et d’autre, des personnages, opposés 2 à 2, s’activent dans la vigne ou les champs (?).
A ce jour, les interrogations demeurent.Mais le style confirme le lien qui a existé entre les chantiers de Saint-Eutrope de Saintes et Vertheuil. Un ou deux bons sculpteurs se sont succédés et déplacés sur le « chemin » de Saint-Jacques, d’un chantier à l’autre.